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Chez Brundle
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21 mai 2008

FX : effets émotions

season5_promo

Cela ne m'intéresse pas beaucoup de faire réfléchir les gens car je ne suis pas une personne qui passe beaucoup de temps à réfléchir, ce que je désirais vraiment, c'était que les personnes derrière leur écran ressentent quelque chose et tout faire pour ça. Donc tous mes choix, que ce soit en matière de mouvements de caméra ou bien de direction d'acteurs, sont allés dans ce sens. Mon ambition était que cela fonctionne. Faire ressentir des émotions, c'est ce sur quoi je me suis focalisé.

Extrait d’une interview disponible sur Allociné, de Brad Falchuk, scénariste/réalisateur à propos de Dr. Joshua Lee, épisode de la saison 5 de Nip/Tuck, diffusé sur Lifeti... FX Network.

Et on comprend tout de suite mieux comment la série a progressivement sombré dans des profondeurs abyssales depuis sa troisième saison, faisant d’elle ce que le câble US peut offrir de pire en matière de fictions. La liberté de ton dont bénéficient les scénaristes n’est devenu finalement qu’un moyen d’enchaîner les séquences choc. Je suspecte ainsi les nombreuses guest-stars qui se bousculent encore aujourd’hui au portillon de ne pas avoir vu la série dans son intégralité.

FX est dans un sale état. Sa première (excellente) production originale, The Shield, s’achève cette année. 7 années maitrisées pour la série de Shawn Ryan, et 7 années d’une pourtant nette et progressive chute créative pour la chaîne câblée. Retour sur une absence d’évolution.

Remake Me

Février 2002 : The Shield est lancé sur FX. Un succès public et critique, pour ce cop show comparé à un NYPD Blue sur vitaminé, mais quelque peu éclipsé alors par les phénomènes 24 et Alias (du moins à l’étranger). Mais la série coup de poing, comme on l'appelle encore aujourd'hui, surprends et impressionne année après année. Sa dernière saison, prévue pour septembre, est ainsi très attendue. Très peu peuvent en dire autant.

Les deux années qui suivent sont marquées par la diffusion de deux autres séries calquées sur le même modèle : un perso masculin central charismatique, ambigu, souvent autodestructeur, et un point de vue ultra réaliste sur un milieu professionnel jusqu’à là très balisé par la fiction télé, voire même inédit. Et surtout, l’indispensable facteur choc.

Dès leurs débuts, la très grande qualité des deux shows fait l’unanimité, malgré les (grâce aux ?) nombreuses critiques suscités par les scènes de sexe à profusion et un ton bien plus cru que celui de la série de Shawn Ryan.

C’est tout d’abord Nip/Tuck, en 2003, qui fait énormément parler d’elle, surtout en France, où elle bénéficie d’une couverture médiatique assez importante. Puis c’est Rescue Me, en 2004, qui, plus discrète, se propose de nous narrer le quotidien d’une caserne de pompiers dans le New York post 11 septembre, et ce notamment à travers le personnage de Tommy Gavin, interprété par Denis Leary.

Deux buzz pour des séries dont la créativité retombe néanmoins dès la troisième saison, telle une banale série de network, et dont on n’espère plus aujourd’hui qu’une fin rapide et accessoirement satisfaisante. Ceux qui voyaient en FX un rival sérieux pour HBO commencent alors à émettre des réserves.

Deux autres dramas voient le jour par la suite : Over There, en 2005, supervisée par Steven Bocho, centrée sur le quotidien de jeunes soldats américains en Irak, qui rejoint la liste déjà très fournie des nombreux échecs récents du monsieur. Et Thief, qui, centrée sur un cambrioleur de banques, s’arrête au bout d’à peine six épisodes. L’anticonformisme et la provoc’ sont là, mais la sauce ne prend plus. Un renouvellement s’impose.

Beautiful People

Parallèlement, la chaîne s’aventure sur le terrain de la comédie, genre où même HBO s’est cassé les dents. Au final, des comédies de qualité très inégale, plus expérimentales qu’autre chose, et aux publics très réduits. On retiendra surtout l’excellente It’s Always Sunny in Phildalephia, un peu bouletisé à mon goût par Dany de Vito à sa seconde saison, (bien que son hilarante parodie de Die Hard m’ait presque fait changer d’avis.).

L’arrivée de l’acteur marque mine de rien le début d’un nouveau phénomène, qui touche simultanément les networks et les chaînes du câble : le recyclage de célébrités issues du cinéma.

Si HBO, subtilement, se contente de cantonner les stars au rôle de producteurs (Spielberg sur Band of Brothers, Tom Hanks sur Big Love, Marc Walhberg sur Entourage), FX décide de les mettre en avant : Avec The Riches, Dirt ou encore Damages, c’est trois ex gloires du box-office qui tentent un comeback via le petit écran.

Quid de la qualité ? Si je n’ai pas dépassé le pilote de The Riches, je me suis accroché à Dirt, qui m’aura vraiment achevé en termes de mauvaise qualité : écriture et mis en scène complètement à côté de la plaque et acteurs en roue libre, un exemple de mauvais goût intégral. Au final, seul Damages mérite vraiment le coup d’œil. Un bon drama judiciaire tortueux et très bien interprété, plutôt bien mis en avant d’ailleurs par Canal +. Derrière la caméra, des anciens des Sopranos.

Alors, FX, aujourd’hui, c’est quoi ? Une chaîne où seule une oeuvre mérite vraiment de figurer au panthéon des monuments de la télévision US, et quelques séries dont on regrettera un arrêt beaucoup trop tardif. Un côté un peu foutraque et clairement un manque d’ambition pour une chaîne qui aurait pu devenir une grande. Ou du moins, qui aurait pu faire recette. Avec The L Word, Sleeper Cell, Dexter, Weeds ou encore Californication, Showtime occupe aujourd’hui avec succès le terrain de la fiction câblée chic et choc, en faisant rimer audimat et thèmes controversés. Même si personnellement, seules deux des oeuvres précitées sont vraiment réussies.

Je reste dans tous les cas un grand admirateur d’HBO, qui, en optant cette saison pour des séries formellement minimalistes, a su prendre intelligemment le contrepied de la production télévisuelle américaine actuelle, de plus en plus démesurée et racoleuse. Si Tell Me You Love Me se place quelque peu dans cette tendance, et ne m’a pas d'ailleurs encore vraiment convaincu, In Treatment est en revanche un véritable bijou d'écriture et d’interprétation et possède une portée émotionnelle rarement atteinte sur le petit écran. Et, n'en déplaise à M. Falchuck, encore moins sur FX.

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